ÉPISODE 2 : LILLE

En 2010, je devais quitter Paris pour Londres. Mais en chemin, un soir de février Place de la Concorde, je re-rencontre Soraya. Je dis “re-rencontre” parce qu’on s’était connu au Lycée. Coup de foudre, amour passionné, on se marie en mai. On devait partir ensemble à Londres avec ses deux filles, mais le père de la plus jeune ne l’a pas entendu ainsi. S’en est suivie une série pathétique de mésaventures familiales, allant de jugements en mains courantes, de désaccords en grosses disputes, avec tous les dommages colatéraux que tout cela peut avoir sur la santé physique et mentale des enfants, et du couple évidemment. Affaires familiales obligent, nous voilà dans l’obligation de quitter Paris en 2013 pour mettre de la distance entre l’opiniâtre père et nous. Nous voilà à Lille. Il était question d’y passer trois ans maximum, puis de remettre le cap sur Londres. En 2020, quand le petit président a déclaré la guerre à un virus, noous y étions encore.

“C’est sympa Lille”, me disaient les ami.e.s. C’est d’ailleurs ce que n’a pu s’empêcher de me dire Gaëtan Roussel lors de son passage au Théâtre Sébastopol où il nous a invités, ma fille Cheyenne et moi. Je lui ai répondu “Oui c’est sympa”… Il m’a répondu “ah ouais… pas plus ?”.
Bref, oui Lille est une ville sympa, comme Bordeaux Lyon Quimper Rennes Nantes Toulon Clermont-Ferrand Strasbourg Toulouse Bayonne Marseille… Mais quand tu n’en es pas originaire, que tu n’y as pas d’ami.e.s ni de réseau ni de famille (à part ma fille Cheyenne qui y était étudiante, c’était le point positif : on a pu se voir) et que rien de vraiment concret ne t’a demandé d’y venir, bah il te faut remuer ciel et terre pour y exister.


Je choisis pourtant de ne pas raconter les errances et tatonnements, et de rester sur le fil de la musique.

À Lille, les belles aventures musicales ont pour titres :
La boutique Broc’n Roll et ses jam sessions, avec Rodolphe, Sylvie et David
Soraya me rejoint dans la Française pour former un duo double lead vocal
L’école Louise de Bettignies de La Madeleine, avec Sabine Sherpereel, directrice
Le Star Rock Café avec Dominique et Sophie
Le projet Bands in School au Lycée Robespierre d’Arras, avec Thierry Wiart et Christelle Ormeggi
Le Novotel Lille Centre Gares avec Thierry Wagner, Thierry, Étienne et l’équipe
Show must Go Home par et avec Cédric Pollet, Laurent Lecluyse, Philippe Maertens
Live at the Balcony

La boutique Broc’n Roll et ses jam sessions, avec Rodolphe Sylvie et David

Rodolphe, guitariste et harmoniciste de blues, et sa compagne Sylvie ont monté Broc’n Roll à Lille dans les années 80. Quand j’y ai mis les pieds, c’était un beau “music store” avec un stock de belles guitares, d’amplis, d’accessoires et aussi de batterries, d’harmonicas… Rodolphe m’a raconté alors qu’à l’ouverture de leur boutique, ils n’avaient aucun stock.. Leur concept était le ‘dépôt-vente”. Puis ils ont connu les belles années, avec les visites des représentants de Gibson, Fender, Gretsch, Martin, Takamine, Boss, Marshall, Vox, Peavey… Et puis le monde moderne a fait naître Internet, et Thomann. Refusant ce “progrès”, Rod’ Sylvie et David (L’équipe de Broc’) ont vu les clients entrer, essayer des trucs, et repartir les commander à moindre prix surr Thomann. L’activité de la boutique étant en déclin, Rod’ et Sylvie ont l’idée de monter un bar dans la boutique, et d’organiser des événements. Ainsi est née la Broc’ Jam Session, qui proposait une vraie jam de blues tous les premiers jeudis du mois. J’étais à la première, je n’en ai pas raté une seule (enfin si, une seule). Et j’y ai rencontré des gens super, amateurs de rock et de blues, accessoirement talentueux musiciens, comme Patrick Choquel, Alex Acs, Valentine Crépel, Robbie Amato…


Soraya me rejoint dans la Française pour former un duo double lead vocal

J’avais découvert les capacités vocales de Soraya lors d’un after show à La Blanchisserie (Boulogne Billancourt) un soir d’automne 2010 (nous étions alors encore parisiens). J’avais pris une guitare et commencé à improviser une rythmique. Puis j’ai lancé un medley de chansons des Beatles, Rolling Stones, U2, comme j’en ai l’habitude. Et Soraya soudain s’est mise à improviser du chant. Nous nous sommes lancés spontanément dans un dialogue en musique eet en chanson, mêlant paroles de chansons connues et improvisation de mots en tous genres. Et c’était bien. Très bien. Dès le lendemain, je me suis dit que ce serait chouette que La Française, nom du groupe formé à l’époque par JimYu, Jay et moi, chante en double lead vocal masculin-féminin, à l’instar de Johnny Cash & June Carter, ou encore Ella & Louis. J’ai proposé le projet à Soraya, elle l’a rejeté en bloc. Je suis revenu à la charge plusieurs fois pendant trois ou quatre ans, puis j’ai lâché l’affaire. Un soir d’octobrer 2015 je passe la chercher au boulot, et contre toute attente, elle m’annonce que finalement, ça lui dirait bien de chanter avec moi. J’ai aussitôt immortalisé ce moment avec deux-trois selfies :

Depuis 2012 et le départ de JimYu, l’enregistrement plus ou moins raté à Dublin avec Junior Rodriguez à la batterie, l’arrivée aléatoire de Peter Micek et la faible (pour ne pas dire inexistante) motivation de Jay, La Française est un groupe sinistré à reconstruire. Étant maintenant basé à Lille, je me mets localement en quête de musicien.ne.s. En 2015, je fais la rencontre d’Ivan Penkuhn, excellent bassiste du groupe Flight Error (un groupe emmené magnifiquement par la voix de Valentine Crépel) et de son propre groupe Solid. C’est avec Ivan que je reforme La Française. Il propose ses amis Antoine Debenne à la guitare et Clément Glasset (aka Jön Dreef) à la batterie. On commence joyeusement par rendre hommage à David Bowie qui vient de nous quitter : une vidéo enregistréee avec juste le micro de la caméra, puis un petit concert chhez Broc’n Roll.

Photographies © Regis Lelièvre

Puis on attaque les compositions. Les influences “métal” d’Ivan, Antoine et Clément apportent une dimension nouvelle. Je ne suis pas sûr d’aimer, mais c’est une exploration musicale que je n’aurais jamais décidé d’entreprendre par moi-même, alors je laisse faire. Par ailleurs, j’ai toujours adoré revisiter mes chansons. Soraya reçoit des compliments sur la puissance et la justesse de sa voix, ce qui l’encourage à se mettre en avant. Pour ma part, je fais en sorte de lui laisser la place qu’il faut. On avancera ensemble jusque juin 2016. Quelques concerts, un enregistrement live au Water Studio d’Olivier Delmer, et surtout un concert raté à la Plus Petite Galerie du Monde (à cause d’un ingénieur du son totalement incompétent) qui a poussé Ivan à tout arrêter. Le groupe donne un dernier concert à l’école Louis de Béttignies de La Madeleine, puis revient à sa forme basique : Soraya au chant, et moi à la guitare et aussi au chant.

Photographies © Dominique Sudre – Studio Watt

À partir de ce moment où Ivan quitte le groupe, suivi immédiatement de Clément et Antoine, j’ai renoncé à faire exister La Française sous forme de groupe. La formation doit voyager léger : Soraya et moi, point. À nous deux, nous formons un double lead vocal accompagné de ma guitare. Nous nous suffisons à nous-même, et pouvons aisément être accompagnés par d’autres musicien.ne.s au gré des projets, sans pour autant entrer dans une aventure de groupe qui, visiblement, finit toujours par spliter. C’est que nous avons fait, d’ailleurs, avec les frères Chablaoui du groupe In The Can pour un concert à Paris et un autre au Novotel LIlle Centre Gares, avec le groupe de lycéens Error 404 poour un concert au Lycée Robespierre d’Arras, ou encore avec Julien Mahieu et Olivier Decoster pour un concert sur le toit du Star Rock Café. Des compos, des reprises, La Française est devenu un duo masculin-feminin qui plaît pas mal. Jusque juillet 2020 où Soraya décide subitement de mettre fin à notre histoire. Et par conséquent à son aventure musicale avec moi.


L’école Louise de Bettignies de La Madeleine, avec Sabine Sherpereel, directrice

Avec une directrice hors norme comme Sabine Sherpereel, avant-gardiste, impliquée, soucieuse de faire de l’école primaire un lieu de partage et de culture, un lieu de vie et de transmission de valeurs humaines, une directrice rock’n roll s’il en est, entourée d’une équipe pédagogique et technique motivée, de deux professeurs des écoles guitaristes (Fabrice Bertolaso et Sébastien Bricout) , la cour de l’école Louise de Bettignies (La Madeleine) a été un vrai petit “Stadium” où nous avons été souvent invités à chanter une ou deux chansons, voire donner un concert tout entier. Et mon petit syndrôme de Peter Pan s’en est à chaque fois trouvé réjoui !


Le Star Rock Café avec Dominique et Sophie

En passant devant ce restaurant, il m’a semblé évident que je pourrais y vivre quelques belles aventures. Alors un jour je suis entré. C’était sans me douter que le tôlier, Domnique Calcinari, serait à ce point amateur de bon rock, et qu’il lui avait dédié son restaurant aux allures americaines. Efficacement secondé par sa compagne Sophie, Domnique et moi avons discuté, échangé, et surtout organisé quelques événements Live Music de petites et grandes envergures. Du premier concert à l’occasion de la sortie du single “Promises” où le restaurant a affiché “Complet” au concert sur le toit en passant par la Fête de la Musique en featuring avec Secret of Scarlett, le Star Rock Café a joué pour moi le rôle qu’on peut espèrer d’un lieu du genre, à l’instar de ce qu’a pu être le Cavern Club pour les Beatles ou le Stone Pony pour Bruce Springsteen. Nous sommes passés par là, il reste de belles traces de ce passage, notamment l’enregistrement de la performance surr le toit, dont on a tiré les reprises improvisées de “Rebel Rebel” (David Bowie) et “Summertime” (George et Ira Gerschwin), ce dernier encore en cours de post-production par Mark Plati, Antoine Delecroix et Jean-Baptiste Loussier à l’heure ou j’écris ces mots. Un big up au passage à Dominique Descamps qui a su convaincre son patron, fabricant et importateur belge de bières très connues, de sponsoriser le Live on The Rooftop !


Le projet Bands in School au Lycée Robespierre d’Arras, avec Thierry Wiart et Christelle Ormeggi

J’avais ça en tête depuis 5 ou 6 ans : monter une plate-forme en ligne pour mettre en lien des groupes de pop-rock-rap formés dans les lycées d’Europe et d’ailleurs. J’avais eu mes “groupes de lycée”, et je savais que ce qui est chouette dans cette période, c’est qu’on passe nos journées entières ensembles et qu’on a un public de fans déjà sur place. J’ai contacté l’Académie de Lille qui m’a accordé un rendez-vous pour parler du projet et mettre au point un genre d’année-pilote. J’ai sollicité une aide financière qui évidemment n’a pas été accordée. J’ai quand même contacté le Lycée Robespierre d’Arras qui propose l’option “musique” (pas le cas de tous les lycées). C’est là que j’avais passé mes années-lycée, tout un symbole. J’ai rencontré le CPE Thierry Wiart qui, enjoué, m’a présenté à la professeure de musique Christelle Ormeggi, tout aussi enjouée. Nous sommes allés rencontrer le proviseur Jean-Marc Godefroy qui a accueilli le projet à bras ouverts. J’ai apporté mon matériel : sonorisation, micros, guitares et ampli, pédales d’effets, et nous avons monté un studio de répétition dans la salle des archives du lycée et présenté le projet aux élèves de l’option musique, mais pas que. Dès la semaine qui a suivi, je me suis rendu bénévolement au lycée le mercredi après-midi et parfois le jeudi, et y ai accueilli des jeunes très motivé.e.s. Nous avons d’abord travaillé des titres en vue de les jouer lors de l’événement annuel “Solida’Robes”, une initiative de la Maison des Lycéens qui permet de récolter des dons et aider financièrement des projets philanthropiques ou caritatifs portés par d’anciens lycéens. Puis, j’ai proposé au groupe Error 404 (qui venait de se monter avec Adrien à la Basse, Phébé au violon, Gabriel au chant, Simon à la batterie et Élias à la guitare) de nous accompagner, Soraya et moi, lors d’un concert que nous devions donner au Novotel Lille Centre Gares pour le lancement du projet “Hotel Sessions”. Pendant ce temps, Christelle Ormeggi faisait travailler tous les élèves de l’option musique, par peetits groupes, sur des arrangements qu’elle avait écrits sur ma chanson “You Are My Private Angel”, en vue de faire jouer tout le monde au Théàtre d’Arras. Et voilà comment ça s’est achevé : au théàtre d’Arras Scène Nationale qui faisait salle comble, avec les élèves de l’option musique jouant ce que le programme de l’Éducation Nationale imposait, mais aussi avec mes “élèves” non officiels jouant des reprises de rock, et avec tout le monde interprétant “You Are My Private Angel”, et découvrant alors ce que les arrangements donnaient vraiment (bah oui, c’est sur scène et devant le public de parents, CPE et proviseurs, enseignants, que l’ensemble des musiciens, moi compris, se trouvaient réunis pour la première fois).


Le Novotel Lille Centre Gares avec Thierry Wagner, Thierry Dumortier, Étienne et l’équipe

J’ai toujours adoré les hotels, et j’ai toujours imaginé y organiser des concerts et y tourner des clips. Puis, toujours dans ma logique de production de programmes de divertissements connectés, j’ai eu en tête de monter une plate-forme : The Hotel Sessions. Le principe était de proposer des émissions Live Music en direct des lobbies, restaurants ou salon des Hôtels, diffusées en direct en ligne et archivées sur une plateforme permettant de créer des Playlists. Le principe était aussi de faire en sorte que la plate-forme mette en lien les artistes, les SMAC, les directeurs d’hôtels désirant programmer des concerts et tournages, et des clients venant assister à des shows dans des bars et restaurants d’hôtels où ils ne séjournent pas, ce qui permettait à l’hôtel de faire du business additionnel ! J’ai fait quelques tournages à Paris, mais c’est à Lille, en poussant la porte du Novotel Lille Centre Gares et en rencontrant son directeur Thierry Wagner, que les premiers vrais pilotes ont commencé. Le concept est arrivé assez vite au département Digital & Innovation du groupe Accor, mais s’est finalement complètement arrêté suite à une restructuration du groupe. La finance, cette bonne vieille niqueuse de beauté et de bonheur… Mais je n’ai pas dit mon dernier mot, alors wait and see.

Show must Go Home par et avec Cédric Pollet, Laurent Lecluyse, Philippe Maertens

À Lille, quand je rencontrais des acteurs locaux plus ou moins professionnels de la musique, on me parlait sans cesse de France Leduc, à l’origine des premiers Main Square Festival d’Arras avec LIve Nation, et de Cédric Pollet, fondateur d’un concept de concerts privés nommé Show Must Go Home. J’ai pu obtenir les 06 de ces deux personnalités. J’ai pu obtenir un rendez-vous avec France Leduc pour lui parler des mes concepts d’émissions Live connectées. La rencontre a eu lieu dans son bureau, elle a duré un quart d’heure et elle conclu ainsi : “C’est super votre truc mais vous faites du Rock et je déteste le Rock, ça ne m’intérresse pas merci au revoir”. Je ne l’ai plus jamais revue. J’ai aussi pu m’entretenir avec Cédric Pollet, mais il a fallu plusieurs appels et échanges sur une période de presque quatre ans avant qu’on se rencontre. Il a fini par me faire venir à une soirée Show Must Go Home en Belgique où l’artiste était le groupe Brigitte (j’ai découvert au passage que l’une des deux chanteuses du groupe était mon amie Aurélie Saada, quelle surprise !). J’ai donc rencontré Cédric dans son élément ce soir-là, j’ai rencontré aussi Fabienne de Far Prod, la nouvelle épouse de Lambert Boudier. Puis il m’a à nouveau invité à une Show Must Go Home avec Calogero, puis il m’a fait venir à Ibiza où il était parrti vivre pour chanter à sa soirée d’anniversaire. Je lui ai parlé de mes émissions Live connectées, il m’a dit “Ça claque ton truc”, et nous avons commencé à bosser ensemble sur le développement de son concept. J’ai pris en main la gestion du web, de la partie technique son et lumière des soirées, de la gestion des fiches techniques et des techniciens, de la photo et de la vidéo, et aussi de la représentation du concept sur Paris et Bordeaux. J’ai travaillé surr la production des concerts privés de Louis Bertignac, Julien Clerc, Marc Lavoine, Calogéro, Peter Kingsberry (Cock Robin), Al Mc Key and the Earth Wind & Fire Experience. On s’était mis d’accord sur certaines conditions notamment financières pendnant six mois pour tester notre collaboration. Et puis au bout de six mois, nous n’avons pas pu trouver de nouvelles conditions qui nous conviennent réciproquement. Nous sommes toujours en bon termes, et nous avons eu l’occasion de nous reparler de nos différents projets, et qui sait, peut-être qu’un jour je serai l’artiste d’une de ses belles soirées ! Ce serait drôle…

Photo © Jean-Claude Kubicki


Live at the Balcony

Été 2019, Sitgès, Espagne. J’apprends brutalement que Cédric Pollet met un terme à mon implication dans SMGH Productions et les soirées Show Must Go Home. Et au même moment, je commence à être satisfait de mes chansons, de mon jeu de guitare, de ma voix et ma façon de chanter. Je commence à trouver que ce que je fais est plutôt bien et assez intéressant, après plus de quinze ans d’insatisfactions et de tâtonnements, pour me dire que je peux me lancer pour de bon. Alors avec cette enième collaboration avec SMGH aboutissant encore une fois une “fin de l’histoire sans préavis”, je décide d’y aller, pour de bon, pour toujours et à fond, sans compter sur personne d’autre que moi : je vais faire de la musique, rien que de la musique, écrire enregitrer et surtoout donner des concerts. Je vais créer mon label qui fonctionnera avec mes règles et sera guidé par mes valeurs, et pas celles du showbizz et enrore mois celles de la pitoyable industrie du disque.
À la rentrée de septembre 2019, de retour à Paris, je dépose mes belles guitares au Crédit Municipal pour obtenir un prêt sur gage qui doit me permettre de financer mon développement. Je retrouve mon ami Pierre Billaudel, un parisien ayant été très actif dans la production musicale pour la publicité et qui se dit “vintage”. Il me fait rencontrer ses amis le non moins vintage Rigaud de Tournemire, la jeune Alice de Bodinat, et la charmante Sylvie Loussier de Tournemire. Sylvie était l’épouse du célèbre pianniste Jacques Loussier. Ils avaient fondé ensemble le domaine de Miraval et ses célèbres studios, aujourd’hui prorité de Brad Pitt. Sylvie est aussi la mère de jean-Baptiste Loussier, compositeur de talent, avec qui je suis bien décidé de travailler. Un jour de janvier 2020, je joue et chante à l’occasion des quatre-vintgs ans de Rigaud. Parmi les invités se trouve un homme, apparemment fan de Rock’n Roll, qui chante quasiment toutes mes reprises des Beatles, des Stones, de Chuck Berry. Il vient me parler et me dire qu’il adore ce que je fais. J’apprends qu’il s’agit de Georges Blumendfeld, fondateur des Studios Marcadet. Il m’invite à passer le voir au studio. Quelques jours plus tard, me voilà dans les historiques studios Marcadet, totalement équipés de matériel vintage (à l’exception d’un gros MacIntosh, seul mise à jour technologique du studio. Georges me fait visiter les studios, me montre le piano surr lequel il a enregistré Ray Charles et Stevie Wonder, me parle de ses aventures de producteur avec Mick Jagger, Georges Martin, Eddy Mitchell… Et puis il me propose l’enregistrement de deux de mes titres en échanges des éditions, dont son préféré du moment, chanté en duo et guitare-voix avec Soraya : “I don’t Want our Money”. Je lui dit ok, rentre à Lille et annonce la chose à Soraya, et commence à préparer une tournée de promo dans les cafés-concert en France et au Royaume-Uni. Je décide de partir seul dans un premier temps, puisque Soraya est à ce moment-là salariée chez Booking. Le départ est prévu pour mars. Mais comme tout le monde alors, j’apprends soudain que “Nous sommes en guerre” et la vie va être totalement chamboulée.

Tout en étant, j’avoue, très dubitatif pour ne pas dire totalement sceptique quant à la réelle gravité sanitaire rabachée sans pause par tous les médias, je décide de faire citoyennement comme tout le monde et de patienter le temps que le délire passe. Et pendant ce temps, qu’on passait juste en couple Soraya et moi, on s’est mis à chanter depuis le balcon les soirs de beau temps, en diffusant tout ça sur les réseaux.

Mais le délire n’est pas passé, il s’est au contraire amplifié. En juillet 2020, Soraya décidait brutalement de mettre fin à notre histoire. Je prenais le large, j’allais jouer dans les rues pour apporter à ma manière du réconfort aux gens. Puis, le délire augmentant la puissance, je me suis engagé dans une tournée dans les rues de France pour une durée que j’estimais à trois ou quatre mois. Ça devait durer près de deux ans. J’ai appelé ça “La Tournée Fantastique”.